Pourquoi est-il si difficile de trouver des vins "légers" ?
Pourquoi est-il si difficile aujourd'hui de trouver des vins "légers" ? Que ce soit en rouge ou en blanc d'ailleurs .
Déjà il faut s'entendre sur ce qu'on appelle un vin léger. Il s'agit selon moi des vins qui ne dépassent pas les 12,5° d'alcool, on pourrait même se limiter à 12. Ces vins frais, faciles à boire, que l'on nomme parfois "vin de soif" car ils donnent l'impression d'être désaltérant. Plus courant en blanc qu'en rouge, ils existent pourtant dans les deux couleurs, mais aussi en rosé (les plus facilement identifiables comme vins de soif que l'on sort dès que les beaux jours arrivent, pour l'apéritif etc.), et bien sûr en pétillant.
Pourquoi se font-ils rares ? Il y a deux phénomènes au moins.
Le premier est "qualitatif" : les vins légers que l'on servait notamment en carafe dans les bistrots, n'étaient pas toujours d'une grande qualité, on les comparait à de la "piquette" (boisson qui s'obtient en arrosant le marc de raisin) terme devenu péjoratif au fil du temps. Le Graal étant devenu le potentiel de garde pour juger de la qualité ou non d'un vin, c'est à la fois l'acidité et la présence de tannin, et aussi l'équilibre avec l'alcool qui sont devenus les critères de qualité et la recherche des "amateurs" de vin.
Le second est environnemental: le réchauffement climatique se traduit par une augmentation de la température, de la maturité du raisin et donc de l'augementation de sucre lequel après fermentation alcoolique produit de l'alcool. Un vigneron m'expliquait un jour que ses vins avaient pris en moyenne 1° tous les 10 ans ! Il n'est donc par rare aujourd'hui de déguster des vins autour de 13-14° même dans des régions réputées pour la fraîcheur de ses vins.
Pourquoi les vins légers sont-ils si recherchés aujourd'hui ?
Le paradoxe est qu'actuellement les vins légers sont à nouveaux très demandés. Une conséquence sans doute de leur rareté, mais pas que. Le comportement des "consommateurs" évolue en même temps que leurs profils.
Le vin de garde un peu statutaire qui s'adresse à une partie seulement de la populations (prix des bouteilles, cave à la maison pour les conserver etc.) perd du terrain ; une clientèle plus jeune, plus féminine, augmente actuellement sa consommation de vin, elle en boit plus et plus souvent, à toutes occasions pendant et en dehors de repas, les vins plus légers lui conviennent mieux. Ils sont aussi parfois plus abordables tant en prix qu'en goût (plus fruité ou floral, plus frais..).
Le vin nature a aussi sans doute joué un rôle, souvent (mais pas seulement attention ! ) orienté sur le fruit, surtout dans ses jeunes années, il a réhabilité le vin de soif, le vin de copain, le vin "glouglou"... ces derniers sont appréciés pour leur "buvabilité" et leur côté plus digeste. L'essor des vins naturels a eu lieu dans le Beaujolais, le Jura et dans une moindre mesure La Loire, des vins réputés pour leur légèreté... puis d'autres régions comme le Languedoc, le Roussillon ont à leur tour renoué avec le vin de soif, le vin festif, ce qui ne lui interdit pas bien entendu une complexité et une richesse aromatique inégalables.
En conclusion, bien que contraint par le réchauffement climatique ces vins ne sont pas si rares, il existe même aujourd'hui de plus en plus de vins légers, faits naturellement, qui rencontrent de plus en plus de succès du fait de l'évolution des goûts et des "pratiques" de nouveaux amateurs et nouvelles amatrices de vin.
Retrouver la sélection éphémère de B.B.N les vins (très) légers. Mais aussi les vins rouges légers, fruités et croquant ou les vins blancs secs, vifs et légers.