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C’est quoi AB, Demeter, HVE, Biodyvin...?

Après “C’est quoi la biodynamie?” et “C’est quoi le vin nature” j’aborde la question des “sigles” AB, Demeter, HVE, Biodyvin... qui, sans aller jusqu’à remplacer les appellations, prennent de plus en plus d’importance sur les étiquettes de vin. 

Dans le travail du vigneron / de la vigneronne qui nous intéresse ici il y a principalement deux domaines d’intervention: la viticulture et la vinification. Pour ces deux domaines d’intervention il y a plusieurs approches qui parfois se complètent et parfois s’opposent, d’un côté l’approche "conventionnelle", largement majoritaire, de l’autre l’approche "naturelle" et entre les deux il y a du monde ! 

Approche “conventionnelle”

Elle n’a pas besoin de logo pour se distinguer, elle représente la norme. Elle n’est pourtant pas si légitime au regard de la longue histoire du vin (8000 ans environ) elle ne date que de l’après-guerre, une époque où il est demandé au monde agricole d’augmenter fortement les rendements, tous les moyens pour y parvenir sont bons, notamment l’utilisation de produits chimiques.

Je ne pense pas que les pouvoirs publics aient particulièrement insisté pour que le monde viticole augmente les rendements (!) toujours est-il qu’ils ont emboité le pas.

Il est vrai que cette pratique “industrielle” permet de baisser les coûts donc le prix de vente. Cette approche est remise en cause, depuis quelques année on préfère parler d’agriculture raisonnée (AR) ! Certains produits chimiques sont utilisés mais en plus faible quantité et à titre curatif plutôt que préventif. Franchement entre nous on peut considérer que c’est une blague, une véritable hypocrisie: qu’y a-t-il de raisonnable à utiliser des produits et méthodes qui appauvrissent le sol, et représentent un risque sanitaire évident pour les voisins de ces vignes, ceux qui y travaillent et ceux qui consomment ce vin.

logo HVE - BBN Il existe la certification « d’exploitation » HVE pour Haute Valeur Environnementale c’est une mention valorisante encadrée par les pouvoirs publics français ; censée être plus large que le bio (concerne toute l’exploitation, des notions de bio diversité, de stratégie phytosanitaire, de gestion de la fertilisation et d’irrigation) mais semble surtout beaucoup moins contraignante sur la partie viticulture et rien sur le travail de vinification.

 

 

 

 

Alors que dire de Terra Vitis, parfois classé en raisonné parfois en bio ? C’est une association de quelques centaines de vignerons, au départ du beaujolais, qui à l’image de HVE autorise des produits chimiques prétextant qu’ils ne sont pas plus dangereux que certains produits utilisés en bio (le cuivre notamment). Pour moi : c’est n’est pas bio.

 

L’approche “biologique”

Cette approche interdit l’utilisation de produits de synthèse, le traitement de la vigne se fait avec des produits d’origine naturelle (cuivre, soufre, bouillie bordelaise..) ce n’est pas le rendement qui est recherché mais la vie des sols, la pérennité des espèces animales et végétales.

logo AB agriculture biologique - BBNAB le label “officiel” et Européen. Il ne concerne pas que la viticulture, depuis 2012 il certifie que le vin est bio, c’est à dire qu’il répond à un cahier des charges strict (label controlé et certifié par Ecocert): à la vigne pas d’engrais chimique, d’herbicide de pesticide et insecticide ; au chai au cours de la vinification pas d’intrants ou alors uniquement bio et en faible quantité, l’ajout de sulfite limité (max 100mg/l en rouge 150mg/l en blanc contre respectivement 150 et 200 pour le conventionnel), si la flash-pasteurisation par exemple est interdite, d’autres méthodes “interventionnistes” sont autorisées. La liste des intrants autorisés s’allonge avec le temps. lire l’article à ce sujet sur vitisphere .

 

Peut être avez-vous “croisé” d’autres certifications comme Bio Cohérence et Nature&Progrès, beaucoup moins répandues mais intéressantes.

logo nature et progres - BBNHonneur au plus ancien ! Fondé en 1964 Nature&Progrès est l’acteur historique de la promotion du développement de l’agrobiologie et de la biodynamie en France (et en Belgique). Il rassemble producteurs et consommateurs ! Il ne représente qu’une cinquantaines d’exploitations mais avec un cahier des charges plus exigeants que l’AB.

 

logo bio cohérence - BBNBio Cohérence est une association privée fondée en 2010 (par la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), les Eleveurs bio de France, la société Biocoop, entre autres) pour répondre à la baisse des exigences du label AB lorsque ce dernier s’est aligné sur le label européen. Il faut néanmoins être d’abord labélisé AB pour adhérer, et ensuite répondre à un cahier des charges plus exigeant, qui concerne toute l’agriculture pas uniquement le vin.

L’approche “naturelle”

On l’a vu, le label AB et son cahier des charges ne suffisent pas, trop permissif pour certains qui préfèrent une approche plus puriste ou plus rigoureuse ; il s’agit de la biodynamie et du vin nature. La première possède des certifications souvent initiées par des syndicats et associations, la seconde est en plein débat, la plupart ne veulent pas entendre parler de cahier des charges et de certification.

logo demeter - BBNDemeter deux logos pour une même certification qui ne concerne pas que le vin d’ailleurs, et qui nécessite d’être certifié bio au préalable (contrôlé aussi par Ecocert). C’est une marque internationale, qui s’appuie sur un cahier des charges plus strict que AB: utilisation de "préparats" (voir l’article sur la biodynamie) ; suivi du calendrier lunaire ; interdiction de certaines pratiques de vinification et un champs d’application plus large au niveau du domaine et de la biodiversité. Il y a environ 500 domaines certifiés dans le monde.

 

logo Biodyvin - BBNBiodyvin comme son nom l’indique concerne uniquement le vin. Ce label est mis en place par le Syndicat International des Vignerons en Culture Bio-Dynamique, il suit un cahier des charges spécifique de la culture de la vigne et à la vinification. Certains le jugent plus qualitatif, il compte d’ailleurs parmi ses adhérents des domaines prestigieux (Pierre Morey, Chapoutier, Pontet-Canet…), moins de 200 membres mais du top.

Bien que la plupart des vignerons-vignerones natures ne souhaitent pas de certification/label/marque, certains se sont rassemblés au sein d’associations, avec des cahiers des charges qui ont valeur de “manifeste”.

logo vins SAINS - BBNLes Vins S.A.I.N.S. “Sans Aucun Intrant Ni Sulfite” (ajouté) sur toutes les cuvées.voilà c’est clair. La plus radicale sans doute dans son approche, cette association est composée de membres qui se connaissent tous, se respectent, à un point que pour en faire partie, il ne s’agit pas de suivre un cahier des charges, puis d’être “contrôlé” et “certifié” mais de faire une déclaration sur l’honneur ! Bien sûr la base est bio (même sans certification officielle) le travail très proche de la biodynamie et le reste est dans le nom de l’association. On trouve chez S.AI.N.S une dizaine de membres dont Olivier Cousin, Catherine Vergé (fondatrice) ...

 

logo AVN - BBNAVN est un association, pas un label, elle tente à la fois de définir ce qu’est le vin naturel et d’en définir un cahier des charges. Ce qui est résumé pour l’instant par 2 fondamentaux : un vin dont les raisins sont issus de l’agriculture biologique ou biodynamique et un vin qui est vinifié et mis en bouteille sans aucun intrant, ni additif. À l’exception notable par rapport à S.A.I.N.S : la tolérance d’une très légère dose de sulfite (souvent à la mise) 10mg/L maximum (versus 100 pour le bio rappelons-le)...

 

logo AVN -  BBN... à noter que AVN a changé son logo récemment vous pouvez donc croiser celui-ci dorénavant. L’association regroupe une vingtaine de membres uniquement.

 

L’approche “qualitative”

Non pas que les autres ne le soient pas bien entendu (quoi que) mais cette dernière association est vraiment à part.

logo Renaissance des appellations - BBNLa Renaissance des Appellations. C’est un groupe dont le but est de garantir d’abord la pleine expression des appellations et ensuite un vin d’un haut niveau qualitatif avec une grande originalité. Une démarche particulièrement intéressante puisque souvent l’approche biodynamique et nature a pour conséquence d’exclure le vigneron de l’appellation, alors qu’il en est souvent la plus belle expression. 3 niveaux d’intervention : #une agriculture saine contrôlée par Ecocert ou Qualité France sur la totalité du vignoble et depuis 3 ANS # pas de pratiques de cave qui faussent la pleine expression du goût de l’AOC #Une dégustation avec un comité national de viticulteurs reconnus et responsables ! La Renaissance fondée en 2001 pour la seule France comporte maintenant 230 viticulteurs de 13 pays différents.

En conclusion

Le sujet des labels, certifications, chartes, agite le milieu “nature”. Nécessaire pour le consommateur qui dans cet univers ne peut pas toujours se raccrocher à une appellation ou une “marque” il pose cependant la question de la définition d’un vin, de la liberté du vigneron, et de la confiance.

Ce n’est pas simple mais disons que le label bio (AB) est la base, le minimum, il a selon moi pour vocation de devenir la norme, en lieu et place du “conventionnel” -le soit disant “raisonné” n’étant là que pour retarder l’échéance, laissons de côté les HVE et TerraVitis- en conséquence de quoi il est potentiellement aussi plus permissif, d’où la création de labels différents qui le prennent tous pour base mais y ajoutent leurs spécificités :

  • plus d’exigences : Bio Cohérence
  • plus pointu et complet : Demeter et Biodyvin
  • plus de liberté : le nature avec ses “non labels” (bien que l’interdiction absolue de sulfite peut s’apparenter à une norme restrictive)
  • plus de qualité : La Renaissance des Appellations et Biodyvin

Ajoutons à cela que de nombreux vignerons, fatigués des normes, contrôles, démarches administratives, coûts financiers, décident de ne pas rejoindre ces organismes : combien sont ils, en biodynamie et nature, à ne même pas apposer le logo AB alors qu’ils sont bios depuis 10 ou 20 ans pour certains (voir plus).

Faites confiances aux labels mentionnés pour vous repérer, faites confiance à votre caviste (indépendant et alternatif il s’entend) qui saura vous parler des vignerons, de leur travail, et se sera au préalable assuré de leur sincérité.